Le 29 Mars 1942 – 1 jour avant le départ d’Odile pour la zone libre (Extrait de La Belle Etoile, Le goûter chez Hélène, Odile NEUBURGER, Manuscrit)
Dimanche 29 Mars 1942
- « Hélène, j’ai quelque chose de difficile à te dire. »
- « Pense que je t’aime et cela deviendra facile »
Nous sommes passés dans sa chambre, où le soleil se répand à flot par-dessus les frondaisons du Champ de Mars. J’ai pris ma place habituelle sur le divan dont je torture les coussins, tandis qu’elle attend mon aveu, droite sur son fauteuil, avec son air calme de petite fille sage et son air gauche de petite fille modeste. Hélène, mon amie de toujours, qui a partagé toutes mes expériences, y compris celles de la période actuelle, rêveuse et active, qui trouve encore le moyen aujourd’hui de [combiner] son amour de l’étude avec ses récentes fonctions d’assistante sociale. Je regarde son visage mat où semble se jouer un reflet des soleils d’Espagne, ce visage tellement plus merveilleux que beau, si lumineux d’intelligence et de bonté, si tendu et si mobile dans sa volonté de compréhension, qu’on a toujours l’impression de le voir palpiter comme celui d’un épagneul en arrêt, flairant d’où souffle la vérité. Hélène, si brune et si semblable pourtant au nom qu’elle porte. Je n’ai jamais vu tant de clarté que dans les grands yeux noirs d’Hélène. C’est vrai qu’avec elle tout devient facile, car il n’y a pas un atome de petitesse ni d’égoïsme dans son âme
9 Avril 1942, 2 jours après qu’Hélène a commencé son journal
« Odile est définitivement partie juste au moment où il y avait un épanouissement et un approfondissement de notre amitié qui se préparait. Comment vais-je faire maintenant? »
18 juin 1945